Les pilotes Alpine toujours en tête du Championnat du Monde d’Endurance malgré un Le Mans impitoyable

  • Pour son dixième départ consécutif sur l’épreuve, Alpine Elf Endurance Team a connu l’une de ses 24 Heures du Mans les plus difficiles.
  • L’équipe française a dû composer avec trois interventions lui ôtant toute chance de bon résultat.
  • La persévérance de Nicolas Lapierre, André Negrão et Matthieu Vaxiviere leur permet d’aborder la deuxième moitié de saison en tête du Championnat du Monde FIA d’Endurance.
Alpine Elf Endurance Team était grandement attendue pour l’événement phare du FIA WEC. Pour la première fois de son histoire, l’écurie française disputait sa manche à domicile aux commandes du classement général de la catégorie reine, qui plus est pour célébrer sa dixième participation d’affilée aux 24 Heures du Mans.

Cette année, le double tour d’horloge sarthois retrouvait son format traditionnel avec le Pesage organisé sur la Place de la République du Mans vendredi dernier. Après ce premier passage obligé, les concurrents attaquaient la Journée Test deux jours plus tard pour leurs premiers tours de roues sur le Circuit de la Sarthe. Malgré un dimanche productif, les Bleus constataient un déficit de vitesse de pointe prononcé par rapport à ses adversaires.

Si la balance des performances restait toutefois identique mercredi lors des premiers essais libres et qualificatifs, le législateur réagissait en accordant 7 kW supplémentaires à l’Alpine A480 dès jeudi. Cette décision, alliée à un tour d’anthologie de Nicolas Lapierre dans l’exercice, permettait à Alpine Elf Endurance Team d’aller chercher le troisième meilleur temps avant que l’écurie ne peaufine ses ultimes préparatifs.

Le lendemain, les instances dirigeantes choisissaient de retirer 11 kW au prototype français dans une décision annoncée juste avant la parade des pilotes en centre-ville. Les conséquences s’en faisaient ressentir dès le départ samedi à seize heures. Troisième sur la grille, Nicolas Lapierre se retrouvait impuissant face aux Glickenhaus et glissait au cinquième rang de la catégorie Hypercar avant le premier virage.

Prenant son mal en patience dans des conditions extrêmement chaudes, le Français s’installait dans son rythme avant de ravir la quatrième place à la Glickenhaus n°709. Malheureusement, une pénalité était infligée à l’équipage en raison d’un excès de vitesse dans une slow zone. Le délai de contestation étant presque expiré, l’équipe servait son drive through avec Matthieu Vaxiviere, qui démontrait toute sa hargne dès la sortie des stands en remportant son duel l’opposant à la Glickenhaus n°709.

La course d’Alpine basculait peu avant vingt heures. Victime d’un problème de boîtier de commande électrique de l’embrayage, l’Alpine A480 rentrait au garage pour une intervention éclair des mécaniciens bouclée en treize minutes. De retour en piste avec André Negrão, le prototype devait toutefois s’arrêter une nouvelle fois en raison d’un souci de bobine d’allumage.

Relégués au trente-deuxième rang en ayant perdu plus de vingt minutes avec ces deux problèmes indépendants du périmètre technique de l’équipe, le Brésilien et ses équipiers s’employaient dès lors à remonter dans la hiérarchie. Compliqué par la tombée de la nuit et ses conséquences sur la mise en température optimale des pneumatiques, le défi se corsait aussi avec le déficit de vitesse de pointe pour effacer les retardataires.

Le trio redoublait d’efforts et évitait à plusieurs reprises les écueils de l’obscurité mancelle pour revenir dans le top vingt à l’aube. Loin d’abdiquer, les trois hommes s’appuyaient également sur la prestation sans faute de l’équipe technique pour multiplier les dépassements jusqu’à ce que Matthieu Vaxiviere soit piégé dans le trafic et percute un mur de pneus.

Perdant vingt-sept minutes dans l’opération, l’écurie reprenait la course avec André Negrão et un seul objectif: rallier l’arrivée un peu plus de six heures plus tard pour s’assurer a minima les points de la cinquième place en Hypercar. Sans autre enjeu, André Negrão, Nicolas Lapierre et Matthieu Vaxiviere mettaient aussi leur dernier triple relais à profit pour accumuler de précieuses informations et données.

À seize heures, Matthieu Vaxiviere voyait le drapeau à damier en vingt-troisième position et cinquième parmi les Hypercars. L’abnégation du trio et de l’équipe leur valait ainsi de précieux points leur permettant d’aborder la deuxième moitié de saison en tête du Championnat du Monde FIA d’Endurance Hypercar des Pilotes.

Malgré la déception de cette édition, Alpine retrouvera la piste dans quatre semaines aux 6 Heures de Monza (8-10 juillet). Rendez-vous est également déjà donné dans la Sarthe l’an prochain pour le centenaire des 24 Heures du Mans.

Nicolas Lapierre «C’était une course très décevante et très difficile. Nous n’avons pas été épargnés par les pépins mécaniques et nous avons subi le rythme et l’autonomie des Toyota et Glickenhaus tout au long de l’épreuve. C’était compliqué, mais il était important d’aller chercher des points et de limiter la casse au championnat.»

André Negrão «Nous savons que cette course est dure, mais cette édition l’était tout particulièrement. La voiture était bonne, mais il nous manquait tout simplement de la puissance. En plus de cela, nous avons subi deux problèmes mécaniques inédits et en dehors du périmètre technique de l’équipe ainsi qu’une sortie de piste même si nous étions déjà loin. L’équipe a toutefois fait de l’excellent travail. Nous sommes toujours dans le match pour le titre, mais la bataille s’annonce extrêmement difficile!»

Matthieu Vaxiviere «Malgré la satisfaction d’être à l’arrivée pour remercier l’équipe du travail accompli, il y a beaucoup de déception et de frustration. C’est la course que nous attendions le plus et ce résultat ne correspond ni à nos ambitions ni à nos objectifs. J’ai aussi été surpris en voulant dépasser une GT et j’ai fait le choix de vouloir l’éviter avant d’être piégé dans la partie sale de la piste.»

Philippe Sinault, Team Principal Alpine Elf Endurance Team «Quand on vient aux 24 Heures du Mans dans la catégorie reine, nous nous devons d’être ambitieux et nous l’étions. Malheureusement, la course ne s’est pas du tout 4 passée comme nous l’avions imaginé et c’était même l’une des éditions les plus difficiles de notre histoire mancelle. Nous avons eu deux pannes jamais rencontrées alors que nous connaissons désormais bien la voiture. Ce sont deux sujets qui n’avaient pas été identifiés, mais qui nous ont fait perdre plus de vingt minutes. Dès lors, la messe était dite et il fallait garder toute l’équipe motivée. L’incident de Matthieu aurait pu créer une surcharge émotionnelle, mais l’équipe l’a bien gérée en ne lâchant jamais rien. Malgré la déception, cela ne fait que renforcer notre envie de gagner un jour ce Graal qu’est Le Mans.»
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